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L'éternelle heure du thé

Textes, théâtre et poésie de L.H.C. (Tous droits réservés)

L'enfance est violente - restitution d'atelier d'écriture

L’enfance est violente

 

 

Atelier d’écriture du 12 août 2018 au Dansoir – Karine Saporta (Ouistreham) sous la direction de Charlotte Goupil, médiatrice culturelle, actrice et chanteuse, lors du vernissage final de l’exposition "Déambule" de Jill Guillais, artiste plasticienne.

 

Graine en sommeil

 

Combien d’enfants sont morts pour cet oreiller ? Combien y ont laissé leurs dents ? C’est comme un écrin précieux. Ça a l’air douillet et immense comme ça, c’est tout petit et insignifiant, presque banal. Tout le monde est fait de dents et de grains de riz qui débordent. Dedans comme une pierre semi-précieuse, il y a peut-être encore d’autres dents serties, d’autres rivières de diamants de riz. Ça ressemble aussi à des coraux, à un fond marin où l’on peut se noyer de bonheur dans la moelleuse blancheur de la mère imaginaire. Et il y a un aggloméra, comme le sang qui coagule à la sortie d’une blessure, elle ressemble un peu à une araignée ou cet être ni champignon ni animal mais ni végétal qui fleurit dans les jardins – le blop je crois. C’est blanc et nacré comme des perles. Quelqu’un aurait fait tomber le collier de la mer sur le sol, les billes ont roulé partout et se sont fixées aux rochers de molleton. Il y a longtemps. Un jour ça va sortir, ce qu’il y a dedans.

 

Dés en bullations : bulles de l’espace

Il y a ce pont du singe. Fait de colliers de pacotilles noires et gothiques. En bas il y a une grosse araignée – en fait un parapluie dénudé : une baleine – prête à manger les enfants qui sautent de cases en cases sur les damiers et sur les passages piétons. C’est dur l’enfance. Et c’est précieux. Plus loin, une potence de dentelles, des brochettes de chaussures, de familles emplâtrées dans les rapports de force – Tango. Un chevalet de nature morte en trompe-l’œil de ballons jaunes cloutés – la fête est finie (comme une partition de clous et de plastics étirés. Une portée. C’est l’oiseau cloué qui servit de modèle à Picasso enfant – son père était fou. Quatre oreillers de nuages posés sur un trépied de métal, prêts à s’effondrer – ou à flotter.

 

L’enfant idéal ?

 

L’enfant idéal ? Un enfant, ça n’existe pas ; c’est un être en évolution. Les adultes sont de grands enfants et les enfants des adultes en devenir.

Est-ce que l’idéal existe ? On risquerait d’être déçu. Il est plus prudent de se contenter de ce que les autres sont, plus fou aussi de les aimer tels qu’ils sont.

L’enfant idéal, ce sont tous les être, chacun de nous, chacun de nous dans notre singularité, chacun de nous comme un nuage qui passe et qui reviendra, sous d’autres formes.

L’enfant qui naît est déjà blessé, la vie créée d’autres cicatrices qui viennent coaguler. Dents perlées et riz nacré.

Ce sont les familles déchirées (les oreillers éventrés) prises en brochette dans leurs lacets.

Comment partir ? Il faut enjamber le pont veillé par l’araignée, tomber du piédestal qui soutient précairement quatre oreillers qui ont la tête dans les nuages.

En bas, le parquet, et le lino peint en horloge ; toutes blessent, la dernière tue, et c’est l’idéal.

 

Vitraux (collage)

 

Léna h. Coms, Vitraux, 21 x 29,7 cm, collage au ruban adhésif, feutre et stylo sur papier - Restitution d'atelier d'écriture, 4e consigne (mettre dans une enveloppe ou dans la poche de l'artiste des mots découpés, les tirer au hasard et les assembler sur une feuille)

 

 

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