Mon donut

Je viens d’emménager (c’est pas vraiment chez moi mais c’est une longue histoire, je vous la raconterai une autre fois). L’autre jour, l’installateur de box internet est venu. Comme il en avait pour plus d’un quart d’heure, il m’a proposé d’aller faire un tour dehors. J’en ai profité pour acheter un donut, un bon gros donut, bien gras, bien lourd, avec du chocolat dessus comme un ferrero, le plus gros et le plus cher de la boutique. Trois euros, alors que je fais super attention et que je me prive de tout parce que je suis sans boulot, sans mec, précaire, depuis deux semaines dans une ville que je ne connais pas. Autant vous dire, je fais super gaffe à tout, à mes économies (y’en a plus), à ma ligne (je viens de me faire quitter, faudrait pas en plus devenir moche), et à ma santé (diabète et cholestérol si possible : jamais). L’appartement est près d’un parc. Je vais dans le parc pour manger ce gros donut criminellement diabolique. Quand soudain, une volée de mouette se jette sur moi, m’attaque de tous côtés comme si j’étais mère Térésa. Mon donut tombe par terre. Les salopes, elles se jettent sur la viennoiserie comme si elles n’avaient pas mangé depuis des mois. Mon donut ultra calorique à trois euros. Mon moment de plaisir. Et elles se battent pour le manger. Mais putain ! Mon donut quoi !

d'après une anecdote de Stéphanie Chéron-Cielecki (http://www.s-cheron-cielecki.com)

Stéphanie Chéron-Cielecki, Guys Bar, Clifden, 210×297 mm, mine graphite, aquarelle, feutre noir et blanc et acrylique, 2016.