Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'éternelle heure du thé

Textes, théâtre et poésie de L.H.C. (Tous droits réservés)

VII) La descente aux enfers

LES ILLUSIONS DU TEMPS QUI PASSE

 

 

VII) La descente aux enfers

 

 

Alors je compte pour moi-même ce qui ne compte pas pour les autres,

j'ai perdu mon ombre et je la retrouverai, un plus un, le compte est bon,

ma potence rit déjà de me voir à l'horizon.

L'Adès hante aux enfers.

Mon destin est tout tracé, tracé de méandres...

Terres aratoires que fuient même les rats.

Un râteau se briserait les dents sur mon destin.

Art bistre sans règles, art des ports d'amarrages, poteau phallique, amant

du large.

Arthur, j'ai sens !

L'arceau et l'art changent. Pauvre petit ange sot...

Navire fermé du déluge qui te prend pour un pont, tu ploies sur tes culés

et tes piles.

Archer, toi qui n'as pas de demeure !

Archer, toi qui n'as pas de demeure pour abriter ton arme!

Demeure en ton heure, demeure et te meurs...

Entrave l'architrave!

Archive l'entrave. Entraves grosses comme des aiguilles, qui se prennent

pour des ardillons, et se glissent comme des échardes dans le creux de

ton cuir.

Mon destin traverse les ares sous les soleils des taies et longe des murs

fendus comme des jupes.

Et comme une évidence me pousse vers l'areligieux, dans les cathédrales

des chemins de compostes.

Sous mes pas, la terre se fait ver(re)s, grouillantes aversions, unique et

différente de toutes les versions que l'on pourrait vous faire de mon récit

d'Enfer.

L'art est au page, ce que l'assemblée semblait au juge.

L'aréopage me juge. Me condamne; là, je brûle, je vois mes mains

rougies par le soleil. Je vois mon ombre échevelée s'éloigner de moi, je

sens mes cordes dans ma corde se rompre et se remplir de sang...

Plus de son, plus de champs, plus rien que le soleil qui brûle mes maux.

Loin de moi sont les creux qui accueillent mes pleins, et ces pleins qui

épousent mes creux.

J'étais une porte, je ne serai pas plainte.

De ma bouche sort l'art, gonds de l'air que j'étais.

À l'air, j'y cueille encore des sons, des pleins qui brûlent mes oreilles .

Un traître, un argus, m'a éloigné de ceux que j'aimais.

J'en tends ces rires. Et je tends mes mains dans le vide pour les saisir.

Ses rires, ses arguties, son de l'argot!

Ariettes qu'il m'a arraché pour en faire de la chair: à bas Kant!

La terre aussi, sous mes pieds, se rit de moi. Elle a rit de moi et ses rides

trop vieilles ne se défroissent plus et la marque. D'un pas mimétique,

rythmé, arithmétique, je me venge d'elle et je la frappe du pied.

Mes vers comptés laissent des traces dans ses forêts.

Mon art maniaque, à la virgule près, m'enivre et cache à mes yeux les

laideurs de l'enfer qui pourraient m'effrayer.

Mon armature, ma vieillesse dans la terre se reflète.

La chaleur creuse sur mon cœur mes armes tandis que coulent sur mes

joues des larmes.

Mon armure est désormais des reins, le soleil a métamorphosé mon cuir

en armée de gens de toutes sortes et de tous les éclats, soudés les uns

aux autres par le désespoir. Art-heaume de l'éternel.

La terre, échiquier d'ombre et de lumière, fait avancer avec art, pions,

tours et cavaliers comme si je ne les commandais plus. Elle les

commande jusqu'à l'échec, jusqu'à ma mort, moi le roi des morts.

On arraisonne mon corps comme si j'étais un criminel, une armée de

maudits.

Cet art est rage! mon art n'est plus que rage contre cette dette contractée

avec le destin, malgré mon armure, j'ai peur de perdre mon bras de fer.

Celui du destin est tantôt d'or, tantôt de riz.

En cas d'arrêt, encadré par deux hydres, je serais forcé de les verser mes

arrhes, mes talents.

Il reste, en arrière, à Sion, quelque part un souvenir de moi...

Vous le trouverez en vous y rendant. Peut-être, mais ce ne sera que mon

ombre naïve, car je serais ici de mon être le pluvieux.

À rimer dans le vide, avec décors imaginaires, des corps de rêves, le

mien...

Une corde-rêve rivée sur mon palais.

De mon art, on dit, semant l'été courbe, qu'il était osé. Et cela fit couler

mes larmes et éteignit les flammes sur la terre. Quand soudain les

vulgaires arsouilles se terrent.

Mon sang s'arrêta.

Mon corps se vida et je fus un navire dont le timon, le mât d'art vu

jusqu'au paradis. Et comme mille bêtes, je m'emportais, et je me guidais

jusqu'à ce port de paix, furieux et tempêtant. J'allais être chez moi dans

mon corps, à la fois demeure, mât et ombres à la poitrine turgescente.

Alors la poussière recouvrit l'enfer, et poussa sur cette terre plus de

fleurs et de merveilles que jamais je n'en vis, et depuis lors on appela

cette terre le paradis.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article