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L'éternelle heure du thé

Textes, théâtre et poésie de L.H.C. (Tous droits réservés)

X) La mascarade

LES DÉSILLUSIONS DU TEMPS RETROUVÉ

 

 

X) La mascarade

 

J'étais perdu dans une foule immense, mes cheveux longs tombant

jusqu'au sol.

De partout autour de moi, fuyaient des rires et des cris,

ceux de grotesques personnages tout droit sorti des légendes de chimères

et de faunes...

C'était un carnaval. J'étais perdue dans la foule étouffante,

seule parmi la masse grouillante.

La tête baissée, les cheveux couvrant mon visage et tombant jusqu'au

sol.

J'étais perdu dans une foule immense, une foule en délire,

majestueusement vulgaire et criarde.

J'étais portée par le flot hurlant, comme une tête d'Orphée dans le fleuve

des bacchantes.

Mon corps piétiné par le flot des pas des passants, trituré, bousculé,

lacéré par les costumes sordides de ces chimères d'un jour.

Et pourtant dans mon déguisement de tous les jours, dans ma peau nue

et offerte,

le cortège me reconnut parmi les siens...

Tant et si bien qu'il m'y entonna de m'y joindre, ce que je fis, gagnée par

l'ivresse de croire à de semblables miens. Hélas ce n'était qu'illusion.

Et je me perdis.

Soudain les villes peuplées d'horreur firent place à la campagne vierge,

aux champs de blés et de soleil, au ciel bleu qui se découpe sur des haies

de verdures plus fines que de la dentelle.

Le ciel se parait de feu mieux que tous les cracheurs des villes, les

vallées d'arc-en-terre mieux que leur amant le ciel. Tout n'était que

merveilles et cris silencieux.

Tandis que le temps d'un jour, les bêtes des villes rampaient en hurlant

vêtus de peaux qui n'étaient pas leurs ; la nature offrait chaque jour aux

anges de la terre un carnaval de pureté, sans loups ni oripeaux.

Alors qu'au soir je rentrais au pays des monstres éphémères, qui, lasses

et plus pitoyables que des âmes vides, dévorés de honte sans plus avoir

de conscience par les flots de vins et de malt, rampaient au sol plus bas

que terre ; la nature sans masque offrait aux yeux aveugles le plus beau

des spectacles, laissant la nuit se coucher sur elle et donner jour au jour

lui-même, le jour suivant...

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M
J'aime beaucoup votre plume. Merci pour ce superbe moment de lecture.<br /> À bientôt.
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L
Merci à vous. J'irai aussi voir vos écrits. Cordialement. L.