17 Juillet 2018
LES ILLUSIONS DU TEMPS QUI PASSE
X) Le pénétré
Nous gagnerons ensemble les espérances de la mort.
Chien de Sodome. Petite larve putride...
Démon de papier mâché. Tu roules à perdre haleine. Tu ne sais pas
t'arrêter, seul le mur peut le faire, te cueillir dans ton dernier soupir, te
saisir au vol, t'enlever au vent, t'élever au viol. Et tes ailes de papier
prennent feu et s'envolent... le ciel entier est consumé par ton désir. De
partout fuient les sphinges allumées, les incubes incendiés.
Ton sang sur le mur se répand. Dire adieu au serpent. Il te prend violent
et pénètre en toi comme un souffle de vent dans un gouffre, tu es
profond, tu es sans fonds... tu jouis de sentir en toi le souffle, le mal
dressé, le feu brûler jusqu'à ton cœur enflammé. Tes entrailles sont un
bûché éclairé ; ton âme s'est déjà envolée, seul ton corps est là, lasse, le
témoin de ta vie, comme tu la sens, toi le pénétré. C'est une fée, c'est là,
sang. Et ton corps coule, et pleure et gémit, et hurle du plaisir de vivre,
de souffrir. D'avoir le monde en toi.
Sphinge de sphincters...
Hurlent le cathéter dans la violence.
Schisme du catéchisme. Faire pousser des cathédrales comme des
champs de blé. L'éros sera le satan de demain, se roulant dans le satin et
le santal. Il ferra que ton corps sang, que ton corps saigne, les larmes
que ton âme ne sait plus pleurer... et de toutes tes brèches, de ton corps
transpercé, tu pleureras du sang, et tu te rouleras comme un chien dans
ses bras d'épines. L'éros t'accueille déjà, elle n'aura qu'à tourner sa face
janusienne pour t'embraser d'un baiser thanatesque...
Les blés des ténèbres.
Ils poussent en toi et te transpercent. Tu es un champ de blé noir. Ton
pain nourrira toute la Terre de poussières et de rêves. Ceux qui te
mangeront finiront cendre sur la terre et nourriront d'espoir ceux qui les
mangeront.
Que tes armes coulent, que ton corps flotte et se noie. Que ton âme
périsse. Que ton sexe soit sanctifié. Que ta règle vienne, pour que nous
puissions nous cacher en toi, nous, protégés, dans ta cathédrale de
chair... jusqu'à notre dernière heure.
Le désir c'est toi. Tu es le toit qui protège la maison. Tu es la main qui
soutient le monde. Ton dos puissant porte les cicatrices de tes
maîtresses. Ton amante dernière te prendra par-derrière.
Chien de Sodome, tu pourriras dans les enfers.
Un château de quatre murs.
Et ton ombre pour fleurir mes sentiers de roses.
Les sentiers de roses qui te mèneront jusqu'à ma forteresse.
Moi la prophétesse.
Je sais que tu reviendras.
Tu imploreras mon pardon.
Hélas, il te vaudra ta vie.
Car je sais que dans la sagesse, il ne faut jamais vraiment pardonner.
Et tu me construiras une cathédrale de ton être tout entier,
ton âme sera ma chaire,
ton cœur mes entrailles,
et ton corps mes murs.
Tu apprendras la sincérité, à devenir meilleur chaque jour.
Mon chevalier, mon âme. Mens...
Mon âme ment à la tienne; je ne suis pas une femme, je suis ta destiné.
Ta route, tu le sais, est la même que la mienne, bien avant que de savoir
que j'existasse; j'étais déjà en toi, tu me portais.
Cela correspond tout à fait à mon état actuel, cette errance perdue, ce
crime inachevé... Le chaos.
Et j'allume sur mes routes des tisons, des désirs ardent, je mets le feu
aux hommes, je brûle leur Terre de mes désirs incandescents. Je fais de
leur sol indécent, une nouvelle terre de sang, fertile de lumière. Scandant
l'air d'une mélopée charnelle. L'escalier, décent, me montre son corps
tandis que je le monte. Il me mène aux plus hauts cieux, l'odieux
dessein.
Tu ne me manques pas.
Les épis de blé. Ton corps entier est un épi de blé.
J'ai vue une sphinge dans le ciel, elle m'a prédit ton retour.
La Terre entière chante ton retour.
C'est une fée, c'est là, sens!
La lassitude ne nous gagnera pas, elle nous étreindra dans une camisole
de douceur.
Et fait l'ascension.
Nous gagnerons en sang les espérances de l'amour.
Lésés comme au premier jour.
Je vais prendre l'ancre et le calame afin de te graver mon amour.
Je t'offrirai à l'éternité.